Leadership

2022.12.01

Le pouvoir de poser (et de se poser) les bonnes questions

Par Stéphane Rochereau

Lors du dernier Congrès RH de l’Ordre des CRHA, j’ai pu assister à deux conférences mettant en valeur le pouvoir de la question. Des propos fort inspirants à ce sujet ont été partagés par Hal Gregersen, directeur exécutif du Centre de leadership du MIT, et par Jennifer Garvey Berger, présidente et fondatrice de Cultivating Leadership.

Poser les bonnes questions
On nous a d’abord démontré pourquoi les questions importent plus que les réponses. En fait, ce sont les questions qui nous aident à imaginer et à définir le futur, car les questions défient le statu quo, ouvrent l’univers des possibilités et amènent la disruption.

Évident? Oui, mais pourquoi est-ce si difficile à mettre en pratique?

Au fond, nous avons tendance à poser moins de questions parce qu’elles nous rendent inconfortables. Et vous savez quoi? Ce sont souvent les meilleures questions qui nous rendent le plus inconfortable! Ce sont précisément ces questions qui font avancer, qui mettent en lumière les « vraies choses ». Et les plus grands leaders l’ont bien compris : ils ne cessent de poser des questions autour d’eux.

Alors que faire? À plusieurs reprises, on a répété cette même formulation : « Compose and wait ». En d’autres mots, mettez en place les conditions favorables à l’émergence de ces questions et attendez… Il faut ouvrir la voie aux questions en créant un climat de confiance, sans jugement, en se mettant en mode écoute et en étant prêt à accepter l’inconfort qu’elles vont susciter.

Petit exercice pratique :

  1. Mettez sur papier votre plus grand défi en ce moment, celui qui vous empêche de dormir la nuit, en une simple phrase.
  2. Faites une liste des questions qui vous viennent à l’esprit en relisant cette phrase.
  3. Partagez votre défi et vos questions à une personne de votre choix à qui vous aurez donné la consigne de seulement poser des questions.

Je vous garantis que vous ne verrez plus votre défi de la même façon. Une fois l’exercice effectué, prenez le temps de vérifier votre état émotionnel. Êtes-vous plus ou moins préoccupé?

Se poser les bonnes questions
En 2019, je crois que rares sont ceux qui pourraient encore nier la complexification sans précédent de notre environnement, qui génère des pièges dans lesquels il ne faut pas tomber. En voici cinq, et les trucs pour les contrer.

Piège numéro 1 : Croire qu’on a raison
L’être humain est ainsi fait que tout chez lui l’entraîne à penser qu’il a raison, qu’il prend les bonnes décisions. Cela nous rassure et nous met dans un état de satisfaction. Mais dans une situation complexe, on risque, en pensant qu’on a raison, de ne pas déceler certains éléments et à ne pas faire de remise en question.Il faut prendre le temps de réfléchir à ses certitudes. De quoi êtes-vous certain dans votre vie privée ou professionnelle?

Piège numéro 2 – Raconter des histoires simples
On aime raconter des histoires. Elles nous servent tantôt à transmettre, tantôt elles nous font du bien. Mais dans un contexte de complexité croissante, il y a un danger, car lorsqu’on raconte une histoire, on a tendance à simplifier.

Il est impossible d’éviter les histoires. Mais chaque histoire peut être racontée d’un différent point de vue, elle peut multiplier les perspectives sur une même personne, un même événement.
Posez-vous la question : est-ce qu’il y a quelqu’un dans votre entourage pour qui vous avez une histoire (trop) simple à raconter? Trop binaire?

Piège numéro 3 – Nous aimons être d’accords
Le désaccord provoque un sentiment de rejet social. La douleur, qu’elle soit physique ou sociale, est la même, et l’humain n’aime pas la douleur. On a donc tendance à s’entourer de gens qui sont d’accord avec nous. Vous rappelez-vous de la dernière fois où vous avez changé d’avis pour soumettre des commentaires plus favorables au groupe?

Pourtant, les conflits peuvent aussi s’avérer très constructifs. Comment agir alors? En se laissant l’espace pour être en désaccord avec une autre personne. Lorsqu’un conflit constructif s’avère nécessaire, il faut se demander si ce conflit peut servir à approfondir notre relation. Si la relation compte, on voudra sincèrement trouver la bonne solution, ensemble.

Piège numéro 4 – Nous aimons être en contrôle
Le sentiment de contrôle est plus important qu’on le pense. Des études ont démontré que ce sentiment permettait entre autres de vivre plus longtemps, en meilleure santé.

Dans le monde complexe d’aujourd’hui, bien peu se sentent en contrôle. Ce qui pourrait contribuer aux épuisements professionnels, au stress chronique, etc. Comment renverser cet état de perte de contrôle? En se demandant quelles sont les conditions qui pourraient nous permettre de prendre notre vie en main.

Piège numéro 5 – Nous protégeons notre identité
Trop souvent, on se retrouve piégé par notre ego, qui influence les facettes de notre personnalité que nous exposons et comment dont nous nous présentons. Vous êtes-vous déjà arrêté à penser à la façon dont vous voudriez qu’on vous perçoive? Quelles caractéristiques de vous aimeriez-vous qu’on retienne? Est-ce qu’il y a des traits de votre personnalité que vous préférez cacher, mais qui, au fond, vous définissent?

Cette réflexion permet de progresser vers qui nous aimerions et pourrions devenir.

Par Stéphane Rochereau

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